Échauffement — nouvelles de Jean Colombier -
Il ne faut pas se fier à la photo de couverture pour porter un jugement sur les rugbymen : cette joie de vivre, cette impatience à se faire de nouveaux amis, cette soif d’échanges enrichissants, ne sauraient résumer le tempérament, l’être profond d’athlètes qui, quoiqu’on en dise, restent des hommes. Des hommes avec leur part d’ombre et de lumière, leurs fragilités et leurs travers. Derrière les coups d’éclat du dimanche après-midi, les vivats de la foule, les poitrines gonflées par la griserie des succès, il y a les heures de doute et de souffrance, il y a aussi les coups tordus et les coups de calcaire, les petites mesquineries et les grosses colères.
Et curieusement, dès qu’il s’agit d’évoquer des souvenirs, de raconter des anecdotes, c’est à ces moments-là que l’on se réfère, ce sont ces modestes déboulonnages de statues que l’on préfère. Sans doute à cause de ce péché si répandu dans le peuple d’ovalie, qui consiste à rire des malheurs de son prochain, à en faire son miel, de préférence à l’heure de l’apéro, le coude sur le comptoir…
Je ne sais pas si le rugby d’aujourd’hui vaut mieux que celui d’autrefois. Au spectateur d’en juger. En revanche, il me paraît clair que pour le lecteur la question ne se pose pas : dès lors que l’on entreprend de raconter une histoire ou deux de ce jeu-là, il n’y a plus photo. Avec le rugby du siècle dernier, pas besoin de composer, d’imaginer. Il suffit de puiser dans le pot de la mémoire commune. Les personnages sont là, les anecdotes aussi, faits de gloire ou basses besognes, faits de jeu ou sans rapport avec le ballon. Chaque club a les siens, qu’il chérit et partage volontiers. En voici trois. Je n’ai rien inventé, bien sûr, je me suis contenté de piocher dans les annales de l’A.S. Saint-Junien (87) et du Stade Niortais (79), d’emprunter trois de ces récits qui ensoleillent encore nos soirées d’anciens combattants.
Jean Colombier
L’avis de Midi-Olympique
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